Orpheline
A ma mère Marie-Andrée, Roselyne, Micheline
De mars elle est tombée,
Unique fleur coupée
De courage et d’encens
Elle est enveloppée.
Son nom guide les foules
Ses deux mains sont liées
Et dans le clair obscur
Vague contestataire
Ultime liberté
C’est son choix
C’est ma peine
C’est ma douleur extrême
C’est mon unique objet.
Et quand ce matin-là
Je te trouvais inerte
Partie dans tes pensées
Je devins orpheline
De ta vie, de ma vie,
De ma mère.
Quand un mois de novembre
Tu fis naitre enfant
Garçon attendu,
Martien inattendu
C’est moi qui suis venue.
Enfant illuminée
Sur mes cils noirs ombrés
Coule une rivière
De tendres souvenirs
De pensées douces-amères.
Je t’imagine là
Sous le pin parasol
Dans le cirque soleil
Nourrissant cette terre.
Dans l’odeur forte du thym
Dans le chant des cigales
Dans le doré du soir
Je te retrouve là
Forte et si sensible
Tu me laisses ici
En lumière pensive
A mes heures ailées
En obscures blessures
Emportant avec toi
Pour toujours tes secrets
Quand dans mes paumes fertiles
Le premier songe apparut
La roche à fleur de peau.
On croit qu’il n’y a plus rien
Il y a encore tout
Et le temps grain à grain vient effacer la peine
Gommer les angles morts
Et garder bien au chaud
L’ultime souvenir, Le vivant, le bohème.
Une goutte de pluie est tombée sur ma joue
Une goutte de pluie qui faisait fausse route.