Le sortilège du lièvre
Un sortilège lancé, un souffle ensorcelé
Une brise envoutante vient s’emparer de moi
Mes deux bras grands ouverts
Et le cœur en émoi
J’avance pas à pas
Comme un lièvre aux abois.
Je respire l’air pur
Je m’inonde de joie
Mes pattes veloutées
Posées sur le sol dur.
Ma fourrure grisée
Pigmentée de rosée
Si douce au toucher
Si soyeuse, si tendre.
Les odeurs de lauriers, de thym, de châtaigniers
M’enivrent peu à peu.
La terre chaude vibre, nonchalante figée,
En ce milieu d’été.
Quand soudain dans le ciel azur et alangui
Un jet de plumes piaillant
Vient barrer l’horizon comme un trait menaçant.
Dans les hautes herbes folles
Sous un soleil ardent
Je file comme le vent,
Comme une flèche je vole.
Des claquements de sons
Une douleur intense
Mes oreilles qui bourdonnent,
Mes griffes se rétractent.
De grandes taches rouges s’étalent lentement,
Doucement, tout au long de mes flancs.
Mon sang grenade coule
Et dans ma chair plombée,
D’immenses trous béants.
Des pas qui se rapprochent
Des pas près de mon coeur
Des bruits de bottes sales
Juste un ricanement.
Dans l’horizon obscur
Tendu de rouge sang
Se lève le néant.
Venez, arrachez-moi cette douleur profonde
Venez, accrochez-la tout autour de vos doigts
Venez, et jetez-la, jetez-la loin de moi.
Prenez le venin noir
Qu’il s’englue, qu’il se broie.
Que mes larmes s’assèchent
En rubans ruisselants
Que mon angoisse se noie dans le creux de vos bras