La femme sauvage
Je suis la femme sauvage
Je suis moi,
Elle, il, iel
Tout à la fois
Fougère fossile du crassier noir des Brousses
Couronne tressée en habit d’apparat
Rubans déployés poignées d’épines rousses
Je suis moi. Tout à la fois.
Je suis la femme sauvage.
Et dans l’odeur sucrée des pins
Quand le soleil chauffe mes reins
Mes jambes nues sur le chemin
Je danse.
Alors,
Je suis buse, épervier,
J’entends les grelots de la brume et les chants du Sanguinolet.
Et je renais, et je renais, et je renais …
Poussière emmenée par les vents
Bannière de papier volant
Je suis la femme sauvage
Fille de l’aigle et du serpent.
Aux quatre orients
Je suis lièvre,
Abeille nocturne, lourde pierre
Nourrie de l’air et de la terre,
Je vois
Dans l’intérieur du ciel
La source et les galets d’argent.
Et je renais, et je renais, et je renais …
Je suis la femme sauvage
Puissante, enfant, naïve,
Mon œil gauche perce la muraille,
Et du très haut de la montagne,
Je plonge dans l’onde claire,
Dans l’eau de la rivière
Le soleil chauffe mes paupières.
Et je renais, et je renais, et je renais …
Et nous partons pour la région des morts
Là où les plumes de jade
Fleurissent écarlates
Teintées de nacre, d’argent,
De songes, de velours d’or
Et je renais, et je renais, et je renais …
Je suis la femme sauvage
Je suis moi
Elle, il, iel
Tout à la fois
Et je renais, et je renais, et je renais